Simone est photographiée en train de se mettre à l’abri lors de la libération de Paris le 19 août 1944.

Des membres de la Résistance française sont photographiés au cœur d’une bataille contre les troupes allemandes lors de la Libération de Paris. On voit un homme en treillis de fortune à gauche et un jeune homme à droite.

Ensuite, le plus frappant est la présence au centre d’une femme en short, haut à motifs et casquette militaire. La photographie de cette jeune combattante allait devenir un symbole de l’engagement des femmes dans la Résistance.

Elle s’appelait Simone Ségouin, également connue sous son nom de guerre Nicole Minet. Elle avait 18 ans lorsque cette photo a été prise. La jeune fille avait tué deux Allemands lors des combats de Paris deux jours plus tôt et avait également participé à la capture de 25 prisonniers de guerre allemands lors de la chute de Chartres.

En 1944, au plus fort de l’occupation nazie en France, elle rejoint les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) – une alliance de combat composée de militants communistes et de nationalistes français.

Simone Segouin pose avec un MP 40 allemand avec lequel elle est la plus compétente.

Simone Segouin pose avec un MP 40 allemand avec lequel elle est la plus compétente.

Simone appartenait tout à fait à cette dernière catégorie. Son père était une grande source d’inspiration – un soldat décoré ayant combattu pendant la Grande Guerre – et elle était profondément fière de son pays.

Simone Segouin a participé à des actions armées contre des convois et des trains ennemis, à des attaques contre des détachements ennemis, à des actes de sabotage, etc. Le journal français l’Indépendant Eure-et-Loir, dans son numéro du 26 août 1944, la décrit comme « l’une des plus pures combattantes de l’héroïque Résistance française qui a préparé la voie à la Libération ».

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Elle était présente à la chute de Chartres, le 23 août 1944, et à la Libération de Paris. Elle fut promue lieutenant et décorée de la Croix de Guerre. Une rue de Courville-sur-Eure porte son nom.

Simone Segouin dans le film de George Stevens de 1944. Il immortalise une Simone de 18 ans peu après avoir aidé à capturer 25 soldats allemands dans son village natal de Thivars, au sud-ouest de Paris.

Simone Segouin dans le film de George Stevens de 1944. Il immortalise une Simone de 18 ans peu après avoir aidé à capturer 25 soldats allemands dans son village natal de Thivars, au sud-ouest de Paris.

Simone Segouin pose pour les photographes lors de la libération de Chartres.

L’arme qu’elle tient est un MP-40 allemand. De nombreuses armes allemandes ont été capturées et utilisées par la Résistance française. Ce fusil était efficace en combat rapproché, grâce à son tir automatique et à sa puissance d’arrêt modérée contre l’infanterie ennemie.

Le MP-40 était souvent surnommé « Schmeisser » par les Alliés, du nom du concepteur d’armes Hugo Schmeisser. Schmeisser avait conçu le MP-18, premier pistolet-mitrailleur produit en série, et fut largement utilisé à la fin de la Première Guerre mondiale. Il n’est cependant pas à l’origine du MP-40.

La fin de vie de Simone Segouin

Simone devint puéricultrice à Chartres, où ses exploits pendant la guerre la rendirent extrêmement populaire. Bien qu’elle ait eu six enfants avec son mari, elle ne prit jamais son nom.

« Je suis très heureuse de savoir que cette période de ma vie ne laisse pas indifférent », a-t-elle déclaré plus tard à propos de son passage dans la Résistance. « Je combattais pour la Résistance, c’est tout. Si je devais tout recommencer, je le ferais, car je n’ai aucun regret. Les Allemands étaient nos ennemis, et nous étions Français. »

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Malgré ses années de guerre tumultueuses, Simone était toujours consciente de la difficulté pour les femmes de jouer un rôle dans la Résistance. Elles ne représentaient guère plus de 10 % des effectifs, et la majorité d’entre elles étaient confinées à des rôles non combattants. Néanmoins, leur présence avait contribué à faire évoluer la manière dont les femmes étaient traitées.

Simone Ségouin en 2016.

Simone Ségouin en 2016.

Simone Segouin a été reconnue par l’organisation caritative britannique Soldiering On en 2016. À l’époque, elle était une résidente d’une maison de retraite de 90 ans et elle a gracieusement accepté cet honneur et s’est souvenue de la libération de Paris.

« C’était une sensation merveilleuse d’entrer dans la ville, mais mon enthousiasme était limité car je me sentais très en danger », a-t-elle déclaré. « Je n’étais pas la seule femme à avoir rejoint la Résistance. Je suis fière de ce que nous avons accompli ensemble. Mais mon plus grand moment de fierté a probablement été d’être à Paris avec le général Charles de Gaulle. »

(Crédit photo : Topham / AP).