
La cavalerie française observe le passage d’un avion de l’armée, 1916.
L’ancien et le nouveau sur une seule image. On perçoit clairement la direction que prenait la guerre ; seulement, ils l’ignoraient encore. Durant les premiers mois de la guerre, les cuirassiers français portaient encore des cuirasses et des casques à plumes. Les soldats restaient prisonniers des tactiques et des équipements traditionnels, tandis que les nouvelles technologies allaient transformer à jamais les champs de bataille.
En 1914, les tactiques étaient familières aux commandants d’il y a un siècle : les troupes se déplaçaient en masse, l’artillerie tirait directement au-dessus de sites ouverts, la cavalerie repérait l’ennemi et exploitait les opportunités de percée et de poursuite.
Jusqu’à ce que les lignes de front se stabilisent, se retranchent et se couvrent de barbelés ; la guerre devint alors statique, où il était presque impossible de percer plus que la première ligne de tranchées ennemies (généralement trois couches de profondeur). L’infanterie portait des casquettes en tissu, des fusils à verrou et disposait généralement de deux mitrailleuses de dernière génération par bataillon.
En 1918, l’équipement et les tactiques avaient été transformés. L’artillerie tirait indirectement, repérée par des observateurs avancés (parfois aéroportés) ou selon des « tirs prédits sur carte », contre des cibles découvertes lors de raids dans les tranchées ou de reconnaissances aériennes.
La cavalerie était devenue une réserve mobile, utilisant ses chevaux pour se rendre rapidement à un point où des renforts étaient nécessaires, mais descendant de cheval pour combattre à pied.
L’infanterie disposait de dizaines de mitrailleuses par bataillon, ainsi que de grenades à main et à fusil et de mortiers de tranchée, et bénéficiait d’une flexibilité bien plus grande en attaque comme en défense. Les chars, autrefois peu fiables en 1916, étaient devenus des atouts essentiels pour l’incursion et la poursuite, créant et exploitant des brèches dans les lignes ennemies jusque-là impossibles.
Les avions étaient passés d’une poignée d’éclaireurs non armés à une force spécialisée capable de détruire les avions ennemis, de fournir un appui aérien rapproché, une reconnaissance et même les débuts du bombardement tactique et stratégique.